«Cent parlars que ne fan qu’un… » ou cent dialectes pouvant se réduire à une seule langue… comme le proclamait Antonin Perbosc vers 1900 ; encore fallait-il remonter aux sources pour cela : la canso des Troubadours du XIème au XIVème siècle, les chartes de coutumes et les leudaires, des traités scientifiques, ou encore les cahiers de comptes des frères Bonis, ces marchands montalbanais du XIVème siècle… La langue d’oc, orale ou écrite, n’a cessé d’être présente, intensément, même après l’édit de Villers-Cotterêts de 1539 érigeant le français en langue officielle, ou encore après que la Révolution n’ait voulu de la reléguer à l’état de « patois  ».

Antonin PerboscUn mouvement littéraire avait pris naissance en 1323 avec la Sobregaya companhia dels VII Trobadors de Tolosa plus connu sous le nom de Consistoire du Gay Savoir. Il s’agit de la plus ancienne Compagnie littéraire d’Europe qui deviendra en 1694 Académie des Jeux Floraux de Toulouse. Parmi les participants, l’on trouve Ramon Cornet, originaire de Saint-Antonin vers 1300, est la « plus curieuse figure du XIVème siècle », selon René Nelli. Il participe à la création du collège du Gai Saber à Toulouse et tient un registre des Jeux Floraux. Il y a aussi Pèire de Lunel, sans doute originaire de Corbarieu, connu sous le nom de Cavalier Lunel de Montech et qui peut être identifié comme l’un des sept mainteneurs des Jeux Floraux de Toulouse en 1355. On lui attribue une rédaction des Leys d’Amors, premier traité de grammaire qui codifie la chanson d’amor, la fin’amor. La langue d’oc connaîtra par la suite ses vicissitudes et, après des périodes de calme littéraire, des renaissances surgiront : provençale, gasconne et toulousaine au XVIème siècle, et surtout celle du milieu du XIXème siècle avec la création du Félibrige en 1854 par Mistral. A la suite de ce renouveau et du succès populaire dès 1830, du poète-perruquier d’Agen, Jasmin (Jansemin), ils seront sept à fonder l’Escolo Carsinolo le 10 novembre 1895, parmi lesquels : Lacombe, Castela, Quercy, Perbosc… D’autres poètes-ouvriers, notables, instituteurs, curés, loueront le plus souvent leur environnement immédiat, souvent sous la forme d’hymnes devenus populaires dont l’exemple est la Mountalbaneso. Il faudra attendre le XXème siècle pour que se dessine un mouvement occitaniste, avec une floraison de publications et de manifestations d’envergure, orchestrées le plus souvent par l’Institut d’Etudes Occitans né en 1944, succédant à la Société d’Etudes Occitanes et reprenant sa devise :

« La fe sens òbras mòrta es » (« La foi qui n’a pas d’œuvres est morte »). L’emprunt à la Bible de cette formule, on la doit à Perbosc qui a su la mettre en pratique, à en juger par l’importance de sa création poétique qu’il publie dans une graphie restaurée, calquée sur celle des Troubadours, et quelque peu améliorée aujourd’hui :

Règles de lecture : pour prononcer [ o ] on écrit « ò » ; le « o » se prononce comme [ ou ] en français ; le « e » comme un [ é ] et le « v » comme un [ b ] ; le « nh » comme [ gn ] et le « lh » comme « lieu » ; le « u » reste comme [ u ] et le « a » en finale devient [ o ] faible ; les « n » et « r » en finale sont quasi-muets. Les accents aigus marquent l’intonation.

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